Gidéon Lévy - Haaretz
          Le fiasco d’hier aurait pu et aurait du être évité. Il fallait  laisser passer la flottille et il faut mettre fin au blocus, écrit  Gidéon Lévy.         
Les soldats israéliens ont tiré à balles  réelles sur les passagers dès le moment de l’abordage - Image diffusée  sur Al Jazeera
Comme dans mini Israël, le parc d’attraction, où il y a  tout Israël en miniature, Israël hier s’est embarqué dans une mini  opération Plomb Durci (l’opération qui a fait 1400 morts à Gaza en dec  2008 NdT).
Comme son prédécesseur plus ambitieux mais aux résultats  tout aussi catastrophiques, cette opération contient tous les  ingrédients : l’affirmation que ce sont eux qui ont commencé -et pas les  commandos parachutés des hélicoptères sur un navire en pleine mer, loin  des eaux territoriales israéliennes ; l’affirmation que les premiers  actes de violence sont venus des militants qui se battaient sur le Mavi  Marmara et pas des soldats ; et que le blocus de Gaza est légal et que  la flottille qui s’y rendait est illégale-en vertu de dieu sait quelle  loi.
Une fois de plus on a eu recours à l’argument de la  légitime défense : "’Ils nous ont lynchés" et ce sont les nôtres qui ont  été tués.
Une fois de plus l’obsession pathétique "de la  communication" comme s’il y avait quelque chose à expliquer et une fois  de plus l’odieuse question est revenue : Pourquoi nos soldats n’ont-ils  pas utilisé plus de force ?
Une fois de plus Israël va payer un lourd prix  diplomatique qui n’avait pas été prévu. Une fois de plus la machine de  propagande israélienne n’a réussi à convaincre que les Israéliens  convaincus d’avance et une fois de plus personne n’a posé la question :  Pourquoi ? Pourquoi avons-nous envoyé nos soldats dans cette  souricière ? A quoi ça nous avance ?
Si l’opération Plomb Durci a été un tournant dans  l’attitude du monde envers nous, cette opération est le second film  d’horreur de cette série qui apparemment n’a pas de fin. Israël a prouvé  hier qu’il n’a tiré aucun enseignement du premier film.
Le fiasco d’hier aurait pu et aurait du être évité. Il  fallait laisser passer la flottille et il faut mettre fin au blocus.
Il y a longtemps que cela aurait du être fait. Ces  quatre années n’ont pas affaibli le Hamas et Gilad Shalit n’a pas été  libéré. Nous n’en avons pas tiré le moindre avantage.
Bien loin de là même ! Notre pays est maintenant  complètement isolé. C’est un pays qui refuse l’entrée à des  intellectuels, tue des militants pacifistes, coupe Gaza du monde et  affronte maintenant un blocus international. Une fois de plus hier il  est apparu qu’Israël s’éloigne de plus en plus du bateau mère et perd le  contact avec le monde -qui n’accepte pas ce qu’il fait et ne comprend  pas pourquoi il le fait.
Hier il n’y avait personne sur toute la planète, pas un  seul journaliste, pas un seul commentateur, sauf le choeur des  conscrits, pour dire une seule chose positive sur cet arraisonnement  meurtrier.
L’image des Forces de Défense Israéliennes en sort à  nouveau dégradée. La magie s’est évanouie il y a longtemps, l’armée la  plus morale du monde qui fut autrefois la melleure armée du monde a  encore échoué. De plus en plus s’intalle le sentiment que presque tout  ce qu’elle fait cause du tort à Israël.