Gilles Paris  
Parmi les figures imposées du conflit  israélo-palestiniens, la commission d’enquête figure en bonne place. Il  en est à nouveau question après la tragédie de la flottille de Gaza.
En dix ans, Il s’agit  d’ailleurs que la quatrième tentative significative. Les précédentes se  sont soldées par des résultats assez limités. Pour les diplomates,  l’invocation d’une commission d’enquête permet de gagner du temps, ou de  ne pas répondre aux questions pressantes (démonstration avec cet  entretien du ministre français des affaires étrangères Bernard Kouchner sur RTL.)
Commission Mitchell
Créée trois semaines après le début de la deuxième  intifada, lors du sommet de Charm Al-Cheikh, en octobre 2000, la mission “chargée d’établir les  faits” prône en avril 2001 , parmi les gestes destinés à rétablir la  confiance, l’arrêt total des activités de colonisation israéliennes,  mesure que le même Mitchell, devenu émissaire des Etats-Unis, n’a  toujours pas obtenue.
Commission Annan
Cette commission a été créée après l’offensive  israélienne d’avril 2002 contre le camp de réfugiés palestiniens de  Jénine, en Cisjordanie, dans le cadre de l’opération Rempart. Le  secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, en prend la tête. Elle fait  suite aux accusations de massacres lancées par des responsables  palestiniens au cours de l’opération, à un moment où comme à Gaza la  presse était interdite d’accès, Israël avait envisagé, après la fin des  combats, la création d’une commission d’enquête onusienne avant de  changer d’avis et de refuser de collaborer. M. Annan publie http://www.un.org/fr/peacekeeping/un rapport au ton  pourtant très mesuré, en août. il met en cause certaines pratiques  israéliennes (blocages d’ambulance, usage de la procédure dite “de  voisinage” soit l’utilisation de boucliers humaines) de même que la mise  en danger par les groupes armés palestiniens de la vie des civils  palestiniens.
Ces critiques préfigurent, sur une échelle plus modeste,  les conclusions du document qui suivra l’offensive “plomb durci” contre  Gaza, en décembre 2008-janvier 2009.
Commision Goldstone
Confiée par les Nations unies au juge sud-africain  Richard Goldstone, elle est chargée de faire la lumière sur les  événements les plus controversés de l’offensive israélienne contre le  Hamas à Gaza. Ses conclusions critiques pour les  deux parties sont rejetées par Israël et par le Hamas. Israël lance une virulente  contre-offensive contre le rapport de cette commission par la suite.
Ni les conclusions de la commission Annan, ni a fortiori  celle de la commission Goldstone, ne sont référencées parmi la liste  pourtant fournie des documents “de référence” du site du ministère  israélien des affaires étrangères.
Israël est traditionnellement hostile à toute enquête  internationale, au contraire des Palestiniens, car il considère a priori  qu’elle constituera une mise en accusation forcément déloyale et  partisane, voire un précédent pour une internationalisation du conflit.  Cette défiance vaut également pour les institutions onusiennes même si  l’Etat juif dispose, au niveau du Conseil de sécurité du ”parapluie” du  veto américain. Ce sont d’ailleurs les Etats-Unis qui ont fait en sorte  que l’enquête demandé le 1er juin à l’aube,  à New York ne soit pas spécifiquement “internationale” mais  seulement “transparente”, “crédible”, “impartiale” et “rapide”, des  critères qui peuvent être interprétés de manière subjective.
publié sur le blog du Monde  "Guerre ou Paix"