Le Conseil des droits de l’homme s’indigne des attaques  israéliennes contre la flottille humanitaire et décide d’une mission  d’enquête.         
         
 32 Pour, 3 Contre (Etats-Unis, Pays-Bas et Italie), 9 Abstentions (la  majorité des pays de l’Union européenne, le Japon, la Corée et le  Burkina) et 2 pays n’ont pas pris part au vote (Madagascar et Zambie).  La Bosnie-Herzégovine, la Norvège et la Slovénie sauvent l’honneur des  démocraties occidentales, en défendant la Résolution et en votant Pour  sans aucune hésitation. Les pays d’Amérique Latine marquent leur  identité profondément démocratique et leur solidarité indéfectible avec  les causes justes et s’éloignent, chemin faisant des standards  occidentaux des deux poids-deux mesures. La Chine et la Russie apportent  un soutien de poids à la Résolution, La France et la Grande Bretagne  s’abstiennent. Isolés, les Etats-Unis sont le seul membre permanent du  Conseil de Sécurité à s’opposer malgré leur condamnation de la flagrante  violation de leur encombrant allié sioniste. Seuls les Pays-Bas et  l’Italie les suivent, confirmant ainsi la fascisation de ces deux pays,  observée depuis un certain temps.
 
Saisi d’un projet de résolution, présentée par le  Pakistan au nom de l’Organisation de la Conférence Islamique et du  Soudan au nom du groupe Arabe, le Conseil des droits de l’homme des  Nations Unies s’est indigné cet après-midi des « graves attaques des  forces israéliennes contre un convoi humanitaire maritime » et a décidé  de la mise en place d’une mission d’établissement des faits, similaire  dirigée par le Juge Goldstone.
 
Une première dans les travaux du Conseil, les pays  arabes et musulmans ont inscrit une question d’urgence au point 1 de  l’ordre du jour, à l’ouverture de la 14e session ordinaire du Conseil  avant-hier lundi 31 mai. Ce point réservé aux « questions d’organisation  et de procédure » est souvent expéditif et purement technique. Cette  évolution donne de plus en plus de vigueur aux travaux du Conseil qui  s’impose désormais comme le forum incontournable de la Communauté  internationale en matière des droits humains, 3e pilier des Nations  Unies avec la Paix et la Sécurité internationales (Conseil de Sécurité)  et le Développement économique et social (Conseil économique et social).
 
Après des débats très nourris et un énorme travail dans  les coulisses, le Conseil s’est prononcé, à une très large majorité, cet  après-midi, mercredi 2 juin.
 
La résolution sans équivoque condamne dans des termes  des plus vigoureux les « graves attaques israéliennes contre la  flottille humanitaire ».
 
Le procès-verbal de séance publié par le Secrétariat du  Conseil des droits de l’homme résume la teneur de cette résolution  historique, instituant par ailleurs une mission internationale  d’établissement des faits, semblable à celle de l’Honorable Juge Richard  Goldstone et son célèbre rapport.
 
« Le Conseil condamne dans les termes les plus vifs  l’attaque inacceptable lancée par les forces israéliennes contre la  flottille d’aide humanitaire, au cours de laquelle de nombreux civils  innocents de différents pays ont été tués ou blessés. Le Conseil déplore  vivement la mort de civils innocents et appelle Israël à coopérer avec  le Comité international de la Croix-Rouge pour rechercher et fournir des  renseignements sur l’endroit où se trouvent les personnes détenues ou  blessées et sur leur état. Le Conseil exige que la puissance occupante,  Israël, libère immédiatement tous les hommes détenus, restitue le  matériel et facilite leur retour dans leurs pays dans des conditions de  sécurité. Il engage en outre Israël à lever sans délai le siège imposé à  Gaza et aux territoires occupés et à garantir la fourniture sans  entraves d’aide humanitaire, y compris de carburant et de soins  médicaux, à la bande de Gaza occupée.
 
Le Conseil se félicite des déclarations faites par le  Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies et la  Haut-Commissaire aux droits de l’homme dans lesquelles ceux-ci ont  condamné les attaques israéliennes. Le Conseil demande que soient  pleinement établies les responsabilités et que des enquêtes  véritablement indépendantes soient menées à cet égard. Le Conseil décide  d’envoyer une mission internationale indépendante d’établissement des  faits pour enquêter sur les violations du droit international auxquelles  ont donné lieu les attaques israéliennes contre la flottille d’aide  humanitaire. Il décide enfin d’autoriser le Président du Conseil à  désigner les membres de la mission d’établissement des faits. »
 
Cette Résolution a été approuvée par 32 pays et rejetés  par les 3 inconditionnels d’Israël, 9 abstentions et 2 non  participations au vote, dont voici le résumé :
 
Détail du vote :
 
32 voix pour, 3 contre, 9 abstentions, 2 non  participation au vote :
 
Pour : Afrique du Sud, Angola, Arabie saoudite,  Argentine, Bahreïn, Bangladesh, Bolivie, Bosnie-Herzégovine, Brésil,  Chili, Chine, Cuba, Djibouti, Égypte, Fédération de Russie, Gabon,  Ghana, Inde, Indonésie, Jordanie, Kirghizistan, Maurice, Mexique,  Nicaragua, Nigéria, Norvège, Pakistan, Philippines, Qatar, Sénégal,  Slovénie et Uruguay.
 
Contre : Etats-Unis d’Amérique, Pays-Bas, Italie
 
Abstentions : France, Belgique, Burkina Faso, Hongrie,  Japon, Slovaquie, Ukraine, Royaume Unie, République de Corée
 
N’ont pas participé au vote : Madagascar, Zambie
 
Une lecture rapide dans ce vote  nous permet de dégager les points suivants :
 

  Une très large  majorité approuve la Résolution, 32 pour sur 47 pays membres, avec  seulement 3 contre. Le camp des inconditionnels de l’Etat hébreux se  réduit.
 

  Un comportement digne  de la délégation palestinienne conduite par notre ami Son Excellence  l’Ambassadeur  Ibrahim Khraishi , Vice-ministre des Affaires étrangères  de l’Autorité palestinienne, qui s’est comporté en représentant du  peuple palestinien et non de l’autorité palestinienne ou du Fatah. Ce  comportement hautement responsable et digne renfoncera certainement les  chances de la réconciliation nationale.
 

  Une magnifique  prestation de l’Ambassadeur de Turquie, notre ami Son Excellence Ahmet  Üzümcü qui a tenu à prendre la parole à titre prioritaire et  qui a  défendu la mission civile d’aide humanitaire à bord d’une flottille  battant pavillon turque. Cette défense d’un Ambassadeur à une action  citoyenne privée de ses concitoyens marque une énorme évolution dans la  diplomatie turque qui se comporte en représentante de la Nation turque  et non de son seul gouvernement. Dans des termes très fermes,  l’Ambassadeur des ottomans a tracé les pourtours de la réaction du  Conseil : « Les responsabilités doivent être établies afin que les  personnes responsables répondent de leurs actes. Israël doit  immédiatement mettre fin au blocus imposé à Gaza, notamment sur le  carburant et le matériel médical ».
 

  L’ambassadeur Aharon  Leshno-Yaar de l’occupation coloniale sioniste n’a réussi à convaincre  personne, même ses alliés inconditionnels et a du revoir son discours a  bout de 24 heures de débat, pour se présenter cet après-midi avec  mesquinerie et tentatives d’engagement en cherchant à désamorcer la  crise avec la communauté internationale et en multipliant les  engagements de détente de son gouvernement.
 

  Un bon comportement  des groupes arabe, islamique et non-aligné, qui ont œuvré efficacement  pour assurer le plein succès à la Résolution. L’expérience de la gestion  de la mission d’enquête puis du rapport Goldstone a peris au groupe  arabe, dirigé à l’époque par Son Excellence Si Abdelwahèb Jemal, notre  Ambassadeur auprès des Nations Unies à Genève a été très utile pour  mieux souder le groupe et éviter les marchandages tous-terrains de  certaines capitales.
 

  L’isolement des  Etats-Unis d’Amérique, comme seul membre du Conseil de Sécurité des  Nations Unies qui reste prisonnier de l’inconditionnalité du soutien à  l’Etat hébreux par tout temps. Notant cependant un changement du  discours de la délégation américaine, de plus en plus critique à l’égard  de leur encombrant allié sioniste ;
 

  Comme lors du vote d  rapport de l’honorable juge Richard Goldstone sur les possibles crimes  de guerre et crimes contre l’humanité commises lors de l’opération  ‘Plomb durci’ engagé par Tsahal contre la Bande de Gaza, deux pays  membres du Conseil de Sécurité ont voté Pour, à savoir la Chine et la  Fédération de Russie, alors que la France et le Royaume Uni de Grande  Bretagne et d’Irlande du Nord se sont abstenues. Si l’abstention de la  France est en deçà de ce que l’ancien ‘Pays des Lumières’ se doit en  cohérence avec sa propre histoire, ses propres valeurs et son propre  avenir, indissociablement lié au monde arabe, le vote britannique est à  suivre de prêt, de ce fait qu’il se dissocie du vote américain, comme  lors du rapport Goldstone. Les diplomates et les défenseurs arabes  doivent suivre ce vote de très près, à Genève au Conseil des droits de  l’homme, mais aussi à New York à l’Assemblée générale et au Conseil de  Sécurité. L’heure du soutien inconditionnel britannique aux agissements  d’Israël semble révolue. Cette évolution du vote britannique est  porteuse d’espoir ;
 

  L’éclatement des  divisions au sein de l’Union européenne qui n’arrive plus à tenir une  position commune sur les sujets touchant à l’occupation coloniale et les  discriminations de tout ordre imposées par Israël à peuple  palestinien ;
 

  Le vote digne et  hautement symbolique de certains pays européen, petits par leurs tailles  et grands par leurs valeurs, à savoir la Bosnie-Herzégovine, de la  Norvège et de la Slovénie, en faveur de la résolution, illustre la  limite des blocs régionaux et ouvre de nouvelles perspectives aux  défenseurs des causes JUSTES pour s’assurer du plus large soutien  possible , condition nécessaire pour remporter la bataille contre les  criminels de guerre et les auteurs des crimes contre l’humanité qui  asservissent tout un peuple sous le regard complaisant des puissants ;
 

  La confirmation de la  dérive italienne et néerlandaise qui s’observe depuis le renforcement  des droits populistes alliées des mouvements d’extrême droite dans ces  deux pays. Ce qui illustre la parfaite collusion et alliance entre les  gouvernements d’extrême droite en Europe et l’occupation coloniale et  criminelle israélienne ; l’extrême droite apparaît le principal soutien  d’Israël ;
 

  Un fléchissement,  limité mais dommageable, dans le soutien africain aux causes arabes.  Ainsi l’abstention du Burkina et l’absence du vote de Madagascar et de  la Zambie doit être analysée par les diplomates et les défenseurs arabes  et une stratégie plus active doit être mis en place à destination de  l’Afrique pour renouer les liens de solidarité du mouvement  anticoloniale et anti-apartheid qui nous ont uni et nous unissent  toujours avec nos frères africains ;
 

  Le rôle des  organisations de la société civile est de plus en plus déterminant.  Notant cependant la présence de plus en plus arrogante des  inconditionnels d’Israël, comme la très active organisation parapluie,  pompeusement appelé UN Watch plus virulente et plus haineuse que le  discours des diplomates de l’Etat hébreux eux-mêmes, dans un parfait  partage d e rôle. Cependant, nous regrettons l’absence quasi-totale des  organisations arabes de défense des droits humains et l’une des très  rares voix arabes au sein du Conseil des droits d l’homme des Nations  Unies, à savoir la Commission arabe des droits humains, a été réduite au  silence pendant un an du 17 juillet 20109 au 27 juillet 2010, sur une  plainte d’un gouvernement arabe, à savoir l’Algérie. Les gouvernements  arabes doivent revoir leur relation tendue et conflictuelle avec les  organisations indépendantes de la société civile, pour leur permettre  d’assumer leur rôle pleinement, y compris sur les questions  fondamentales qui touchent les droits nationaux du peuple palestinien  frère. La diplomatie d’aujourd’hui est triangulaire : Gouvernements,  Société civil et Médias ;
 

  Signalons enfin une  participation digne de la délégation tunisienne, conduite par Son  Excellence Si Abdelwahèb Jemal, notre Représentant permanent auprès des  Nations Unies à Genève qui a été le premier observateur (la Tunisie  étant Observateur du Conseil qui compte 47 membres) à avoir pris la  parole et à dénoncer la lâche agression du convoi humanitaire maritime.  La réactivité exemplaire de la nouvelle diplomatie tunisienne, la  position du Chef de l’Etat et du Gouvernement, les communiqués des deux  Chambres du Parlement (Députés et Conseillers) et la manifestation  unitaire des forces politiques nationales renforcent le sentiment d’une  réaction digne sur le plan local, malgré les tentatives de récupération  politicienne et la marginalisation de la présence des leaders de  l’opposition dans le cortège de la manifestation de Tunis. L’essentiel  était là et le gouvernement et les forces vives, politiques et  associatives de la Société tunisienne ont apporté leur réprobation de la  barbarie israélienne et leur soutien à nos frères palestiniens martyrs.  Nous aurons aimé voir des réactions populaires plus généralisées dans  l’ensemble du pays, le gouvernent et messieurs les Wollats / Gouverneurs   de la République doivent faciliter l’expression pacifique des  tunisiennes et des tunisiens ;
 
Perspectives d’action formulées à  chaud :
 

  Fixer l’objectif,  aujourd’hui réaliste et à notre portée, de la Levée immédiate du Blocus  criminel qui frappe Gaza ;
 

  Ne pas oublier les  souffrances de nos frères plestiniens en Cisjordanie, victime des  menaces des transferts de déportation de leurs terres ancèstrales, ainsi  que Al-Quds Al-Sharif et ses habitants, menacés d’une politique  délibérée de purification religieuse et de judéasition sioniste voulant  massacrer son identité et son histoire et exterminer sa population par  tous les moyens ;
 

  Redoubler d’effort  pour convoquer une réunion des Etats partis aux Conventions de Genève,  régissant le Droit Humanitaire International ;
 

  Mettre en œuvre les  conclusions des missions d’enquête du Professeur John Dugart et de  l’Honorable Juge Richard Goldstone , de l’ensemble des documents et  preuves de Nations Unis, du Bureau International du travail, de  l’Organisation mondiale de la Santé et de toute autre source, ainsi que  répertorier toutes les violations israéliennes en vu de les déposer  auprès du Procureur de la Cour pénale internationale pour poursuivre  l’occupant pour ses crimes de guerre et crimes contre l’humanité. A ce  titre notre pays doit travailler de concert avec l’Autorité  palestinienne, la Ligue arabe et les Nations Unies pour mieux utilise  les archives y afférentes de l’OLP, du Fatah et de feu le Zaïm Yasser  Arafat, laissé à Tunis, tout en veillant à les protéger des risques de  détérioration accidentelle ou criminelle.
 

  Activer les efforts  de rédaction d’un texte international visant à protéger les acteurs  humanitaires, projet initié par la Commission arabe des droits humains  et défendu porté depuis des années par le Bureau international de  l’Action Humanitaire.
 

  Mieux resserrer les  liens avec nos amis turcs, sur le plan gouvernemental, diplomatique,  politique et associatif. A ce titre notre Diplomatie doit resserrer les  liens avec sa consœur turque. Nous suggérons que Son Excellence Si Haj  Klei notre nouvel Ambassadeur en Turquie s’active dans ce sens et que  Son Excellence l’Ambassadeur de Turquie en Tunisie soit reçu avec les  honneurs au Ministère des Affaires étrangères, au Palais du Gouvernement  et au Palais de la Présidence de la République, pour sceller une  alliance tuniso-turque au service de la Paix et de la justice dans le  monde. Tunisiens et Turques ont des siècles d’histoire politique commune  à mettre en ouvre au service de ce noble objectif.
 

  Mieux doter la  diplomatie tunisienne multilatérale, notamment à Genève et à New York,  en ressources humaines et financières, pour mieux porter les valeurs  ancestrales de notre pays et assumer pleinement ses devoirs,  spécifiquement vis-à-vis du peuple palestinien frère, sur la base de  l’initiative courageuse et toujours d’actualité de feu le Zaïb Habib  Bourguiba. La diplomatie tunisienne doit affirmer ses fondements  historiques, ses initiatives et son rôle pionnier, ainsi que de  faciliter le travail et la présence des organisations de la société  civile tunisienne et arabe indépendante aux travaux de organes Onusiens.