Claire Talon et Meryem Belkaïd
OPINION :
Palestine  : Pourquoi les voix universelles sont-elles  absentes des médias  ?
C’est le printemps en  Palestine. Neufs morts au large de Gaza. L’été sera bon. L’année  dernière, une moisson de phosphore, toute fraîche encore de l’assaut  hivernal, n’a-t-elle pas rassuré les Gazaouis sur la postérité du tapis  de bombes qui avait, trois ans plus tôt, rafraîchi les plages de  Beyrouth  ?
Des voix s’élèvent. Illégalité. Crime. Scandale. Puis  retombent. Pourquoi tant d’indignation et si peu de conséquences  légales  ?
Mais c’est qu’on ne s’entend plus. Sur l’agora, Botul le  dispute à des tartuffes en goguette. «  Cet assaut est stupide  »,  lance et persiste Bernard-Henri Lévy. «  Regrettable provocation  militante  », renchérit Frédéric Lefebvre. Au rond-point des  Champs-Élysées, des faux dévots agitent des drapeaux algériens,  marocains, tunisiens, décident d’une prière collective.
Ce sont d’autres voix que nous souhaitons entendre.  Héritières de l’Encyclopédie, car l’État d’Israël, comme Bougainville  sous la plume de Diderot, n’est ni un dieu, ni un démon, mais qu’est-il  donc pour nier la liberté d’un peuple à disposer de lui-même  ?  Héritières de Victor Hugo, qui s’est fait depuis l’exil le porte-parole  des sans-voix. Héritières d’Émile Zola, qui n’avait qu’une seule passion  en défendant Dreyfus, celle de la lumière et de la vérité, au nom de  l’humanité qui souffre et qui a droit au bonheur. Héritières enfin de  Sartre, car ne pouvant ignorer l’injustice infligée aux Palestiniens et  ne pouvant s’en dire innocentes. Aujourd’hui en France, ces voix  universelles sont remarquablement absentes des médias.
Pourtant, entre la philosophie de pacotille et l’esprit  des Lumières, il faut choisir.
C’est pourquoi nous refusons, au nom des principes de  liberté et d’égalité, l’oppression militaire et la domination économique  et sociale qu’exerce l’État d’Israël sur les civils palestiniens. C’est  pourquoi nous exigeons, au nom de la vérité et du droit, que les  agressions et les exactions de l’État d’Israël envers l’humanité cessent  enfin.
C’est pourquoi nous appelons également tous les  défenseurs de la cause palestinienne à dépasser les bannières du  communautarisme, du régionalisme et du nationalisme et toute  manifestation d’appartenance religieuse et idéologique.
C’est l’humanité que l’on assassine impunément  :  défenseurs des droits de l’homme et de la femme, il est grand temps de  s’unir pour les Palestiniens  !
Claire Talon, Docteur en sciences  politiques, spécialiste du monde arabe, et Meryem Belkaïd,  Enseignante-chercheuse en Lettres françaises.
Publié par l(Humanité