Nicole Kiil Nielsen
Une importante délégation parlementaire  européenne, comprenant les commissions des Affaires étrangères, du  Développement et du Budget, doit se rendre en Israël et dans les  territoires palestiniens occupés du 24 au 27 mai. Nous devions nous  rendre à Gaza, or l’Ambassadeur d’Israël vient de nous faire savoir que  cette visite n’aurait pas lieu.
En décembre dernier, une  mission des parlementaires européens membres de la Délégation entre  l’Union européenne et le Conseil législatif palestinien, dont je faisais  partie, devait se rendre à Gaza. Au dernier moment on nous a interdit  de nous y rendre. Nous avions pris cela comme un affront. Le président  du Parlement, Jerzy Buzek, avait même envoyé un courrier de protestation  au Premier Ministre israélien.
Malheureusement l’histoire se répète, et à plus grande  échelle. Une importante délégation parlementaire européenne, comprenant  les commissions des Affaires étrangères, du Développement et du Budget,  doit se rendre en Israël et dans les territoires palestiniens occupés du  24 au 27 mai. Nous devions nous rendre à Gaza, or l’Ambassadeur  d’Israël vient de nous faire savoir que cette visite n’aurait pas lieu.  Le gouvernement israélien refuse désormais que des délégations  politiques transitent par Israël pour entrer à Gaza.
C’est une décision scandaleuse et inacceptable pour  trois raisons. Tout d’abord, l’Union européenne finance très largement  Gaza. 180 millions d’euros déjà pour les quatre premiers mois de 2010.  La transparence de l’utilisation de ces fonds est une exigence normale.  Il nous faut donc nous rendre sur place pour enquêter et en rendre  compte auprès des citoyens européens. Nous devons en outre y rencontrer  l’UNRWA (Office des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le  Proche-Orient) qui a fait un appel de détresse au Parlement européen  récemment pour informer d’un manque énorme de fonds pour 2010. La très  grande majorité (1,1 millions sur les 1,5 millions) des habitants de la  bande de Gaza sont en effet des réfugiés.
Ensuite, suite à l’agression militaire de janvier 2009,  nous sommes également interpellés sur la question humanitaire. Il est  tout à fait normal que l’on aille se rendre compte de la situation de  vie des Gazaouis, a fortiori dans le contexte du rapport Goldstone, dont  nous exigeons l’application des recommandations.
Enfin, non seulement on nous interdit de nous rendre à  Gaza, mais l’Ambassadeur d’Israël s’est aussi permis de remettre en  cause le programme de la délégation en Cisjordanie et en Israël. Il a  ainsi questionné nos rencontres prévues avec des ONG israéliennes de  défense des droits humains, et tout particulièrement la rencontre à  Jérusalem-Est avec Saeb Erakat, négociateur palestinien des accords de  paix. Cette dernière rencontre nous serait même interdite semble-t-il  parce qu’Israël refuse d’autoriser les rencontres de haut niveau entre  la Communauté internationale et les autorités palestiniennes à  Jérusalem-Est ! Or Jérusalem-Est ne fait pas partie d’Israël selon le  droit international.
Les députés de la délégation sont profondément choqués  par ces méthodes et cette intrusion dans notre programme. Nous sommes  parlementaires et avons le droit de choisir nos interlocuteurs. Par  conséquent nous avons pris des contacts avec les autorités égyptiennes.  Grâce à leur accord, nous allons faire un circuit palestinien via  l’Egypte. Les députés sont déterminés à aller à Gaza et à ne pas se  laisser imposer leur agenda par Israël. Il en va de l’honneur de  l’Europe.
Nicole Kiil Nielsen est députée  européenne, chez les Verts