Par Émile Khoury | 25/05/2010
Un diplomate européen en poste à Beyrouth relève que les positions des dirigeants arabes et des leaders israéliens par rapport à la conclusion d'un accord de paix ou à la reprise de la guerre sont pareillement étranges. Les premiers affirment qu'Israël ne veut pas de la paix, mais ne font rien du tout à ce propos. Ils rejettent d'une part un arrangement qui équivaudrait, selon eux, à une capitulation face à l'État hébreu. Et, d'autre part, ils ne sont pas désireux, pour régler le problème une fois pour toutes, de se lancer dans une guerre qu'ils pensent perdue d'avance. En outre, il est manifestement illusoire de miser sur les Palestiniens pour une guerre de harcèlement qui ferait mordre rapidement la poussière à l'ennemi. Le moindre des réalismes voudrait que les Arabes suivent une politique du possible, en base d'échanges confortant leurs positions, en attendant que les circonstances leur permettent de récupérer tous leurs droits.
Quant aux Israéliens, ils se disent inquiets de l'armement sophistiqué livré au Hezbollah au Liban et au Hamas dans la bande de Gaza. De même au sujet de la possibilité de voir l'Iran se doter de la bombe atomique. Mais, en même temps, ils refusent de consentir les concessions minimales permettant à une paix équitable, unique garantie de sécurité pour tous, de frayer son chemin dans la région. Si Israël croit qu'il reste assez fort pour ne rien céder, il devra en bonne logique imposer ses conditions aux Arabes, qu'ils le considèrent ou non comme une capitulation. Et s'il pense, comme ses appréhensions l'indiquent, qu'il existe effectivement un équilibre de la terreur, il devra alors, pour se prémunir, agir pour l'application des résolutions de l'ONU qui prévoient une paix juste.
Quant aux Israéliens, ils se disent inquiets de l'armement sophistiqué livré au Hezbollah au Liban et au Hamas dans la bande de Gaza. De même au sujet de la possibilité de voir l'Iran se doter de la bombe atomique. Mais, en même temps, ils refusent de consentir les concessions minimales permettant à une paix équitable, unique garantie de sécurité pour tous, de frayer son chemin dans la région. Si Israël croit qu'il reste assez fort pour ne rien céder, il devra en bonne logique imposer ses conditions aux Arabes, qu'ils le considèrent ou non comme une capitulation. Et s'il pense, comme ses appréhensions l'indiquent, qu'il existe effectivement un équilibre de la terreur, il devra alors, pour se prémunir, agir pour l'application des résolutions de l'ONU qui prévoient une paix juste.
Cependant, en termes d'actualité, la balle est maintenant dans le camp des Arabes. Ce sont eux d'ailleurs qui l'ont voulu en fixant un délai de quatre mois, expirant début octobre, pour faire face à l'obstination israélienne. La question qui se pose dès lors est de savoir ce qu'ils ont préparé à cet effet, avec les Palestiniens, pour leur prochain sommet. Sont-ils d'accord sur une stratégie unifiée ? Sont-ils convenus d'exiger des médiateurs, ainsi que des Israéliens, le démarrage de pourparlers autour de l'initiative qu'ils avaient proclamée lors du sommet de Beyrouth en 2002 ? Dans le même esprit, sauront-ils déterminer ensemble une fourchette de temps raisonnable pour l'aboutissement, ou le constat d'échec, de telles négociations ? Songent-ils, toujours ensemble, à la suite en cas d'impasse ?
C'est douteux. Car les Arabes ne sont même pas d'accord sur la validité de leur initiative. Certains d'entre eux soutiennent qu'elle est devenue caduque et que ses paramètres ne sauraient assurer une paix juste dans la région. Ils laissent entendre que seul le recours à la force doit désormais être envisagé, en reprenant le slogan de Nasser : ce qui a été pris par la force ne peut être repris que par la force. Et l'on sait ce que cela avait donné. Ce qui porte d'autres Arabes à continuer à défendre l'initiative de 2002, la voie militaire ne pouvant, de toute évidence, mener ni à la paix ni à la récupération des territoires encore occupés par l'ennemi.
Les déclarations du prochain sommet arabe seront-elles assez habilement tournées pour dissimuler le fait que les souverains et chefs d'État concernés ne parlent pas d'une seule voix, ne sont pas sur une même longueur d'onde ? Il ne faut pas être grand clerc pour supposer qu'en l'absence d'unité dans les rangs arabes, l'administration Obama ne pourra pas, dans le laps de temps qui lui reste, imposer le principe dit des deux États, c'est-à-dire la consécration d'un État palestinien aux côtés de l'État hébreu. Washington peut certes se rabattre sur une échappatoire provisoire, comme le redémarrage des négociations syro-israéliennes, voire l'ouverture du volet libanais, parallèlement, si possible, à des pourparlers indirects palestino-israéliens. Mais avec du colmatage de fortune, tout peut sauter à n'importe quel moment. C'est-à-dire que rien ne garantirait qu'Israël ne décide une frappe préventive contre l'Iran ou contre le Hezbollah, ce qui aurait dans la région des conséquences incalculables, dont une guerre généralisée.
Perspective que souligne le ministre israélien des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, en affirmant que ceux qui pensent que la Syrie pourrait jouer un rôle positif, en se détachant de l'Iran et du Hezbollah, sont bien naïfs. Le mot de la fin et de la logique revient au chef des forces américaines, le général David Petraeus, qui rappelle que le nucleus du problème régional réside dans le conflit israélo-palestinien et qu'il faut donc le traiter en premier. Et en toute priorité.
C'est douteux. Car les Arabes ne sont même pas d'accord sur la validité de leur initiative. Certains d'entre eux soutiennent qu'elle est devenue caduque et que ses paramètres ne sauraient assurer une paix juste dans la région. Ils laissent entendre que seul le recours à la force doit désormais être envisagé, en reprenant le slogan de Nasser : ce qui a été pris par la force ne peut être repris que par la force. Et l'on sait ce que cela avait donné. Ce qui porte d'autres Arabes à continuer à défendre l'initiative de 2002, la voie militaire ne pouvant, de toute évidence, mener ni à la paix ni à la récupération des territoires encore occupés par l'ennemi.
Les déclarations du prochain sommet arabe seront-elles assez habilement tournées pour dissimuler le fait que les souverains et chefs d'État concernés ne parlent pas d'une seule voix, ne sont pas sur une même longueur d'onde ? Il ne faut pas être grand clerc pour supposer qu'en l'absence d'unité dans les rangs arabes, l'administration Obama ne pourra pas, dans le laps de temps qui lui reste, imposer le principe dit des deux États, c'est-à-dire la consécration d'un État palestinien aux côtés de l'État hébreu. Washington peut certes se rabattre sur une échappatoire provisoire, comme le redémarrage des négociations syro-israéliennes, voire l'ouverture du volet libanais, parallèlement, si possible, à des pourparlers indirects palestino-israéliens. Mais avec du colmatage de fortune, tout peut sauter à n'importe quel moment. C'est-à-dire que rien ne garantirait qu'Israël ne décide une frappe préventive contre l'Iran ou contre le Hezbollah, ce qui aurait dans la région des conséquences incalculables, dont une guerre généralisée.
Perspective que souligne le ministre israélien des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, en affirmant que ceux qui pensent que la Syrie pourrait jouer un rôle positif, en se détachant de l'Iran et du Hezbollah, sont bien naïfs. Le mot de la fin et de la logique revient au chef des forces américaines, le général David Petraeus, qui rappelle que le nucleus du problème régional réside dans le conflit israélo-palestinien et qu'il faut donc le traiter en premier. Et en toute priorité.