Le Nouvel OBS
mercredi 5 mai 2010, par :      Rédaction Enfants de (la) Palestine,                 La  déléguée de la Palestine auprès de l'Union européenne se félicite de  l'initiative de juifs de la diaspora européenne de remettre sur le  devant de la scène le nécessaire règlement du conflit  israélo-palestinien sur la base de deux États pour deux peuples. 
En suite une réponse : Un  appel à la raison bien déraisonnablePar Rudolf BKOUCHE (UJFP)
Vous étiez présente lundi soir au Parlement européen pour  le lancement de JCall. Qu'en avez-vous pensé ? Sur le même sujet 
 Cette initiative qui a commencé par  la publication de l'appel à la raison, est une initiative importante  car, depuis 2001, depuis l'échec de Camp David, Ehoud Barack avait en  quelque sorte assassiné le camp de la paix israélien en déclarant qu'il  n'y avait pas de volonté de faire la paix du côté palestinien, ce qui  était une contre-vérité totale. Malheureusement, cette attitude du  Premier ministre israélien a entraîné la disparition du camp de la paix  israélien. Et cette nouvelle prise de position reflète un changement  très profond de position dans la société israélienne ou en tout cas dans  la diaspora qui vit, quand même, au rythme de la société israélienne.  Pour la patrie palestinienne que je représente, il est essentiel d'avoir  dans la diaspora juive des interlocuteurs avec lesquels nous partageons  la vision d'une solution car nous voulons vraiment avancer. 
La solution au conflit doit être  évidemment négociée au plan officiel par les représentants israéliens,  palestiniens, arabes, européens, américains, mais elle doit se faire  aussi sur le plan non officiel dans les courants de pensée israéliens,  palestiniens, arabes, européens, américains et dans la diaspora juive.  Il est important d'avoir une diversité d'opinion qui reflète les  réalités. Et la réalité reflétée par JCall est restée inaudible durant  au moins les sept dernières années. Or c'était un grand manque pour les  Palestiniens. Cette position est différente des autres voix de la  diaspora qui ont décidé d'adhérer sans sens critique au gouvernement de  Benjamin Netanyahou, comme le CRIF en France. 
C'est très important que des acteurs  communautaires comme La Paix Maintenant ou le CCLJ en Belgique puissent  reprendre leur fonction de structure favorisant la reconnaissance  mutuelle. A travers JCall il y a un interlocuteur pour les Palestiniens.  
Cet accord peut selon  vous être entendu par les Israéliens ? 
 Dans la gauche israélienne, des voix  s'expriment depuis longtemps et notamment dans l'extrême gauche qui  milite tous les jours sur le terrain, avec les Palestiniens, contre les  occupations. 
Je crois que cet appel doit plutôt être  entendu par la majorité silencieuse qui a été déboussolée après 2001,  très influencée par la déclaration d'Ehoud Barack qui est pour moi le  premier à avoir délégitimé le camp de la paix en Israël. Je pense qu'il a  été responsable de la régression du camp de la paix qui est aujourd'hui  réduit à peau de chagrin. 
On est passé d'une majorité qui  appartenait au camp de la paix à une majorité, pas à droite, mais  silencieuse, dans une profonde détresse et qui joue à la politique de  l'autruche. 
Avec ce courant qui a commencé aux  Etats-Unis avec JStreet et se poursuit maintenant en Europe avec JCall,  on a une manifestation que la société israélienne est encore en bonne  santé ! 
Pour moi, Palestinienne, on ne peut  construire la paix qu'à deux, on ne peut pas construire la paix contre  Israël. Mais aujourd'hui nous n'avons pas de partenaires avec le  gouvernement israélien actuel, même s'il est évident qu'on va essayer  avec la communauté internationale à en trouver un. Et parce qu'il est  difficile de trouver un partenaire dans le gouvernement israélien, JCall  nous apparaît d'autant plus comme une manifestation d'un renouveau des  partenaires. 
L'historien Zeev  Sternhell affirmait lundi soir au Parlement européen que les Israéliens  doivent renoncer aux territoires d'après 1967 tandis que les  Palestiniens doivent renoncer au droit au retour. Qu'en pensez-vous ?  
 C'est là où nous  divergeons. Ce n'est pas surprenant. Nous n'avons pas la même position  sur cette question du droit au retour mais diverger sur ce point ce  n'est pas ne pas se parler. Sur la majorité des points nous pouvons nous  retrouver et en particulier sur la solution de deux Etats. Mais je ne  partage pas la position de Zeev Sternhell sur la question du droit de  retour parce qu'elle est fondatrice de la question palestinienne. Nous  pouvons négocier sur l'application du droit au retour mais nous ne  pouvons pas renoncer au droit au retour car il fait partie des droits  inaliénables. 
Il y a des solutions pragmatiques  auxquelles nous étions parvenus à Taba sur cette question du droit au  retour qui a été instrumentalisée par la droite et l'extrême-droite  israélienne pour délégitimer les négociations d'Oslo. 
Vous parlez librement de  toutes ces questions, les membres de JCall aussi. Cela signifie-t-il  que le vent tourne, que des négociations officielles vont pouvoir  réellement s'ouvrir ? 
 Il y a parler au niveau officiel et  parler au niveau non officiel. Nous nous pouvons parler sur les deux  niveaux. Mais il existe aujourd'hui un gouvernement Netanyahou dont nous  sommes tributaires. Il a démontré par la politique qu'il mène qu'il  n'est pas intéressé par discuter avec nous. Mais nous avons une nouvelle  donne internationale. Il y a un président aux Etats-Unis qui est bien  plus intéressé par faire avancer la paix dans le monde, et en  particulier au Proche-Orient, que ne l'a été son prédécesseur Georges W.  Bush. Ce n'est plus sur le plan bilatéral entre Israéliens et  Palestiniens que se passent les négociations, il y a une troisième  partie avec le Quartet dirigé par les Américains et il faut voir s'il y a  assez de motivation sur le plan international pour faire avancer des  pourparlers. Ce qui donne encore plus d'importance à l'initiative de  JCall. 
Interview de Leila Shahid, déléguée  générale de l'Autorité palestinienne auprès de l'Union européenne, par  Céline Lussato