Grant Smith
Depuis les années 60 Israël a pillé  l’arsenal nucléaire militaire américain sans que les US n’interviennent  sérieusement pour y mettre fin.
Des  armes nucléaires US incontrôlées en Israël
Israël a envoyé cette semaine (début avril conférence  d’Obama ndlt) son ministre responsable des services secrets Dan Meridor  au sommet sur la sécurité nucléaire. Cette initiative US pour sécuriser  les stocks nucléaires vulnérables contre des acteurs non étatiques est à  la fois observée de près et furieusement talonnée. Israël a évité  d’exposer son premier ministre Netanyahou à un questionnement pointu et  embarrassant sur l’arsenal d’armes nucléaires clandestines du pays.
C’est pour cette raison comme l’a trompété le New York  Times qu’Israël a envoyé une délégation de bas niveau. Une enquête menée  depuis longtemps portant sur la manière dont de l’uranium utilisé pour  l’ armement nucléaire a disparu de Pennsylvanie montre pourquoi  l’Amérique est incapable de protéger ses propres matériaux nucléaires et  son savoir faire de menaces internes. Le futur de cet uranium pourrait  être déterminant dans le succès ou l’échec de l’effort de non  prolifération de l’administration Obama.
David Lowenthal était membre de l’organisation  clandestine de la Haganah - précurseur des forces armées israéliennes -  et a combattu pendant la guerre d’Israël en 48 sous Meir Amit, qui est  devenu plus tard le chef des services secrets israéliens. Lowenthal  était un ami proche de David Ben Gourion le premier des premier  ministres d’Israël. Au milieu des années 40 alors qu’il dirigeait  l’Agence Juive Ben Gourion a mis en place un financement clandestin  massif d’armes conventionnelles, un réseau de vol et de contrebande [1]aux Etats Unis détournant  vers la Palestine des armes de petit calibre, de puissantes  mitrailleuses, des machines pour fabriquer des munitions, des avions des  bateaux et des tanks destinés au rebus américain après la seconde  guerre mondiale.
Sur le front du nucléaire, Lowenthal a financé l’achat  de l’usine de la société Apollo Steel en Pensylvannie pour 450 000 $. Le  fondateur et président le Dr Zalman M. Shapiro, un inventeur génial et à  la tête pendant un certain temps d’une organisation locale de la ZOA  (Zionist Organisation of America) a incorporé la NUMEC (Nuclear  Materials and Equipment Corporation) dans Apollo en 1956. Lowenthal a  capitalisé en 1957 NUMEC via une offre d’actions et l’affaire a démarré -  propulsée grâce au savoir crucial de scientifiques de très hauts  niveaux.
Le co fondateur de NUMEC, le dr Leonard P. Pepkowitz  avait auparavant travaillé sur le projet clandestin de Manhattan en 1944  ayant produit les premières bombes nucléaires de l’Amérique. Pepkowitz a  plus tard dirigé le Laboratoire National de chimie analytique de Los  Alamos au Nouveau Mexique. NUMEC a régulièrement reçu de grandes  quantités d’uranium hautement enrichi et de plutonium des géants de  l’industrie Westinghouse et de la Marine US pour transformation en  combustible nucléaire pour sous marin et d’autres utilisations  spéciales. Shapiro a été méticuleux dans la gestion des finances de la  société trouvant des banques acceptant les demandes complexes de NUMEC  qui se développait rapidement.
Au début des années 60, l’AEC ( Atomic Energy  Commission) a commencé à noter des lacunes suspectes dans la sécurité de  NUMEC, des comptes négligemment tenus, et une présence continuelle d’un  grand nombre d’Israéliens à l’usine. En 1962 l’AEC a envisagé de  suspendre la « fabrication d’armes secrètes » à NUMEC. En 1965 un audit  de l’AEC a découvert que NUMEC avait perdu la trace de 110 Kg d’uranium  hautement enrichi. En 1966 le FBI a ouvert une enquête - nom de code du  projet DIVERT - et a commencé à surveiller la gestion de NUMEC et les  visiteurs israéliens. Le 10 Septembre 1968, 4 Israéliens ont visité  NUMEC pour discuter d’« engins thermoélectriques avec Shapiro » selon un  courrier cherchant à obtenir le consentement officiel de l’AEC pour la  visite du directeur de la sécurité de NUMEC. Parmi les visiteurs agrées  il y avait Rafi Eitan. Après la visite d’Eitan, 293 Kg d’uranium  hautement enrichi ont été inscrits comme manquants.
L’ancien chef du directoire de science et technologie de  la CIA, Carl Duckett, a dit que l’agence avait conclu en 1968 que « le  matériel de NUMEC avait été détourné par les Israéliens et utilisés pour  fabriquer des armes nucléaires ». Un témoin visuel a fourni un  témoignage au FBI portant sur une soirée tardive en 1965 quand il a  trouvé plusieurs employés de NUMEC chargeant une camionnette avec des  matériaux nucléaires. C’était inhabituel d’avoir un transport de  matériel de ce type tard le soir. De plus ces employés particuliers  (leurs noms ont été censurés des documents de 2654 pages du FBI obtenus  grâce au Freedom of Information Act) « n’ont jamais eux-mêmes chargé la  camionnette ». Le témoin a dit qu’ »il était sûr que c’était des  produits à base d’uranium hautement enrichi à cause de la taille et de  la forme du container et de l’étiquetage ». Un garde armé a chassé le  témoin ; il a plus tard été menacé afin qu’il ne révèle pas ce qu’il  avait vu sur le quai de chargement.
Le FBI, la CIA, le Congres, le GAO et l’AEC ont passé  des décennies à enquêter sur les détournements sans résultat. Le FBI a  insisté pour que des enquêteurs en criminalité nucléaire puissent  déterminer si la radioactivité d’échantillons de terre collectés aux  alentours de Dimona en Israël avait une signature évoquant NUMEC. Mais  ce n’est que quand l’analyste de la Marine US Jonathan Pollard a été  arrêté pour espionnage pour le compte d’Israël en 1985 que l’importance  de Rafi Eitan a réellement été comprise. En 1986 des enquêteurs ont  découvert qu’Eitan qui est entré à NUMEC en 1968 avait la même date de  naissance - 23/11/1926 - que l’agent qui dirigeait Pollard. Selon  Anthony Cordesman « Eitan n’avait aucune autre raison d’aller à l’usine  Apollo si ce n’est pour les matériaux nucléaires ». Depuis Eitan a été  démasqué comme l’un des agents principaux d’espionnage économique pour  LAKAM une organisation secrète d’Israël impliquée dans de nombreuses  opérations contre des cibles US. Le rôle du Lobby d’Israël qui n’a  jamais été exploré en profondeur par les enquêteurs de l’affaire Pollard  apparaissait en toile de fond. Un agent de la Business Fondation  US-Israël a fourni à Washington DC une cachette où les documents volés  par Pollard étaient copiés et secrètement transférés en Israël.
Mais la condamnation de Pollard à la prison à vie qui a  suivi est une exception à la règle - les crimes commis pour Israël (même  le détournement du nucléaire) ne sont pas punis par l’Amérique. Comme  d’habitude l’enquête sur le détournement par NUMEC de l’uranium a  disparu dans les années 90. DIVERT a rapidement été transformé en une  enquête futile portant sur le fait de savoir si Zalman Shapiro avait une  connaissance anticipée ou était impliqué personnellement dans les  simagrées et les manières dont les responsables dans les institutions du  Département d’Etat au AEC ont saboté toute garantie d’application de la  loi pour Israël et le fait qu’il ait des comptes à rendre. A ce jour,  tous les cerveaux du détournement d’uranium, les financiers, et les  bénéficiaires ont échappé à toute poursuite criminelle alors même que  les contribuables US ont financé le nettoyage des déchets nucléaires de  l’usine Apollo de feu NUMEC .
Les US sont une vraie passoire pour l’espionnage sur le  nucléaire par Israël cela est très bien documenté. En 1988 le GAO ont  déterminé que les laboratoires nucléaires du ministère de l’énergie  étaient bien trop ouverts aux visiteurs étrangers de « pays tels le  Pakistan et Israël identifiés comme sensibles par le DOE car ils  constituent un risque sécuritaire et ou de prolifération ». Les leçons  du cas Eitan ont été ignorées. Le rapport a trouvé que « sur les 637  visiteurs de pays tels l’Inde, Israël et le Pakistan, le DEO n’a exigé  des vérifications sur leurs antécédents que de 77 d’entre eux. » En plus  de recueillir un savoir crucial d’autres technologies nucléaires  connues pour avoir été détournées des US vers Israël incluent des  technologies duelles de détonation, klystrons et klytons.
Cela n’aurait jamais du se passer comme cela. Au début  des années 60 alors même qu’ont démarré les problèmes avec NUMEC le  président J.F Kennedy a lancé une opération sérieuse de non  prolifération et d’application de la loi stricte. Il a demandé que les  US inspectent l’usine de fabrication d’armes nucléaires de Dimona en  Israël pour empêcher Israël de se doter d’armes nucléaires. Kennedy a  simultanément ordonné au Lobby américain pour Israël de se déclarer  comme agence travaillant pour un gouvernement étranger pour rendre  public leurs activités. Mais Israël et le Lobby aux US ont finalement eu  le dessus sur ces deux points. [2]
En faisant pression publiquement sur Israël pour qu’il  signe le TNP et en demandant un gel de la colonisation et des  négociations de paix, l’administration Obama suit les traces de Kennedy.  Mais le Lobby d’Israël a néanmoins ses propres priorités dominantes.  Alors que Zalman Shapiro et les élites du Lobby tel le néo conservateur  cette peste de Frank Gaffney se rassemblaient lors de soirées de ZOA à  la veille de l’invasion de l’Irak par les US, diriger l’armée US d’Irak  vers la Syrie et l’Iran était la priorité des priorités. Le Lobby a  également travaillé jours et nuits pour maintenir les portes d’entrée et  de derrière de l’Amérique ouvertes pour des transferts massifs d’aide  et de préférences commerciales, polissant son image en extirpant ses  agents aux prises avec l’application de la loi- allant même jusqu’à  obtenir des pardons présidentiels pour faire table rase ou exalter  d’autres évènements historiques malheureux qui remettaient en question  la « relation spéciale » entre les US et Israël. Le journaliste  d’investigation Seymour Hersh a fait remarqué que la totalité du comité  exécutif d’AIPAC (conférence des présidents) est en faveur de la  libération de Jonathan Pollard le justifiant en disant que « ses crimes  ne sont pas de la haute trahison contre les US car Israël était alors et  reste un allié proche ». Ces politiques dissimulées et imposées font  que les prérogatives israéliennes vont directement à l’encontre de la  sécurité nationale américaine, de la gouvernance et du respect de la loi  - elles le sont souvent par des moyens illégaux. Tandis qu’Israël  accroit ses efforts pour son propre « projet de détournement » pour  obliger d’autres pays à se confronter à l’Iran signataire du TNP (tout  en faisant dérailler toute négociation importante entre Israël et les  Palestiniens) le reste du monde fait preuve de réel engagement pour la  non prolifération nucléaire en envoyant des hauts diplomates au sommet  américain.
Israël a simplement envoyé un  espion.
C’est la raison pour laquelle les US doivent exiger plus  que la signature par Israël du TNP. C’est seulement en récupérant tous  les matériaux nucléaires volés qu’Obama pourra faire en sorte qu’on  fasse confiance à l’Amérique quant à son propre engagement pour  contrôler des bombes atomiques laissés sans surveillance.
14/04/2010 - www.antiwar.com
[1] voir pdf]url :http://www.irmep.org/ila/slater/091...
[2] Un lien avec l’assassinat de  J.F Kennedy peu de temps après ? ndlt
14/04/2010 - publié par  antiwar.com
et en français par Planète non violence
Myriam Abraham titre introduction traduction et note