Gilles Paris
Il s’agit d’une douche glaciale à  l’attention de tous ceux qui, à commencer par les signataires de  “l’appel à la raison” de JCall, estiment que des pressions internationales  pourraient débloquer le conflit israélo-palestinien.
Publié par Foreign Policy , il vient d’un  expert,  Aaron Miller, un vétéran de  l’administration américaine , présent dès la conférence de Madrid (1991)  et tout au long d’Oslo. Il a jeté aux orties, début mai, son ancienne  foi dans le processus de paix israélo-palestinien :
Aaron Miller, comme dans une note pour un secrétaire  d’Etat, décline ses arguments. Son tableau des handicaps actuels du  processus de paix n’est pas à proprement parler nouveau :
1) s’engager dans un processus de paix a toujours été  risqué, or aucun des principaux acteurs (israélien, palestinien, syrien)  ne semble être prêt aujourd’hui à le payer de sa vie.
2) les décisions importantes ne peuvent être prises que  par des responsables puissants, mais il n’y en a pas actuellement en  place.
3) rapportés aux percées diplomatiques du passé, les  enjeux futurs (Jérusalem, les frontières, les réfugiés) sont immenses…
Ce tableau assez déprimant, estime Aaron Miller, pousse  de nombreuses voix à demander une plus grande implication américaine.  Mais c’est se bercer d’illusion, assure l’ancien diplomate :
1) les Etats-Unis ne peuvent pas imposer la paix à des  protagonistes qui n’en veulent pas.
2) l’aura quasi-mystique de négociateur de Washington  est dissipée, et pour longtemps, tout comme son image de superpuissance.
3) les contingences politiques américaines (les  midterms) interdisent l’échec qui suivrait une offensive diplomatique  précipitée.
4) Washington pliera toujours face à Benyamin Nétanyahou  (à l’été 2009 sur la colonisation comme en 2010 sur Jérusalem-Est),  pronostique Aaron Miller, à moins de faire exploser l’actuelle coalition  israélienne.
publié sur le blog du Monde  "Guerre ou Paix"