Ziad Medoukh
          Par l’équipe du Centre d’information francophone - Dpt de  français - université Al-Aqsa-Gaza         
 Des noms comme : "Shatà, Be’er Shéva, Asel shéva, Shéva, Hédarim,  Talmond, Nafhà, Askalan, El Ramlah, Navi Teritsa, Majido, Naqab, Ofar,  Atlét" sont souvent répétés par les familles mais aussi par presque tous  les Palestiniens ; ce sont des noms de prisons israéliennes.
Le lundi 12 avril 2010, le centre d’informations et de  recherches francophone a visité le siège de la Croix-Rouge à Gaza qui se  situe dans la rue d’Aljalaà, où les parents et les familles des  prisonniers font un sit-in au sein de son siège d’une façon hebdomadaire  par solidarité avec leurs fils qui sont emprisonnés dans les prisons  israéliennes depuis longtemps.
Il y a environ 11 000 prisonniers palestiniens, dont de  nombreux jeunes de moins de 18 ans, dans les prisons israéliennes ; et  parmi eux, 800 sont de la bande de Gaza.
Une vingtaine de mères et solidaires vont chaque lundi  face de la Croix-Rouge pour dénoncer les emprisonnements et dire  leur  solidarité avec leurs fils et pouvoir montrer et arriver à faire  entendre leurs messages au monde extérieur.
L’équipe du Centre a rencontré plusieurs parents en  provenance de toutes les villes de la bande de Gaza pour comprendre et  expliquer le sens leur rassemblement. Ces personnes montrent des photos  de leurs fils qui souhaitent les voir ; alors que notamment la majorité  de ces parents sont interdits de visiter leurs fils dans les prisons  israéliennes à cause de l’armée israélienne qui leur refuse des  autorisations de visite.
Le Centre d’informations et de recherches francophone a  rencontré plusieurs parents des prisonniers et il a écouté plusieurs  histoires de leur lutte pour défier cette situation.
Il a d’abord écouté la mère du prisonnier Shadi abou l’Hssein qui est né à Khan Younis, au  sud de la bande de Gaza, en 1979, et dont l’épouse a un bébé, Shadi a  perdu son père le 7 octobre 2002 dans le massacre collectif par l’armée  israélienne dès que les chars et les hélicoptères israéliens ont attaqué  la ville de Khan Younis et ont fait tomber 14 martyrs et 147 blessés ;  c’était un jour noir pour tous les habitants de Khan Younis et tous les  Palestiniens.
Un jour en 2004, Shadi a essayé de visiter sa tante au  nord de la bande de Gaza en passant par le check-point d’Abou Holly qui  était installée entre la ville de Khan Younis et la ville de Deir El  Balah, au centre de la Bande de Gaza, par l’armé israélienne avant leur  retrait de Gaza en 2005. Les soldats l’ont arrêté et l’ont condamné à  une peine d’emprisonnement de vingt-sept ans.
Actuellement Shadi est emprisonné à Nafha au nord  d’Israël et depuis six ans aucune visite n’a été autorisée. Sa mère dit  qu’elle vient chaque lundi au siège de la Croix-Rouge avec plusieurs  mères de prisonniers ; notamment qu’au jour d’Aïd (qui est un jour de  grande fête pour les musulmans durant lequel les Palestiniens visitent  leurs proches, leurs amis et leurs voisins aussi). Mais dans ce jour-là,  cette mère va toute seule au sein de la Croix-Rouge à Gaza avec sa  photo pour fêter et discuter symboliquement avec son fils absent.
Cette mère nous explique, avec plein des larmes dans les  yeux, qu’elle n’a ni informations, ni messages que ce soit par la poste  ou par la Croix-Rouge. Alors seuls, les prisonniers de la même prison  qui sont parfois libérés transmettent des messages de son fils ; sinon  elle ne saurait plus rien de lui.
 Nous avons aussi rencontré le père du prisonnier Imad Shahada, condamné à 47 ans.
Actuellement, Imad est emprisonné à la prison de Be’er  Shéva en Israël... Son père dit que ça fait dix ans qu’il n’a pas visité  son fils faute de permissions israéliennes pour le visiter, ajoutant  que la mère d’Imad est morte l’année dernière sans ne l’avoir revu une  seule fois depuis son arrestation.
La question qui se pose est-ce que le père de Imad aura  la chance de le voir avant de mourir, ou l’histoire va-t-elle  se  répéter comme avec sa mère.
Et parmi le reste des femmes, enfants et hommes  regroupés, nous nous sommes intéressés à une vieille femme assise sur  une chaise en plastique à cause de sa fatigue parce qu’elle a passé  toute la journée en créant liberté pour nos prisonniers  Ce fut pour  nous une rencontre inoubliable avec cette vieille femme, qui refusait  qu’on l’appelle par son prénom, mais par  son nom préféré, Oum Ibrahim,  qui veut dire, selon la tradition palestinienne, la mère d’Ibrahim. Ibrahim son fils est prisonnier depuis  longtemps dans les prisons israéliennes.
Ce sit-in est animé par les familles des prisonniers  pour se manifester et dire non aux agissements inhumains israéliens  non  conformes aux conventions internationales contre les prisonniers  palestiniens à qui il arrive même qu’on  interdise de se soigner.
Tout le monde sait en Palestine, mais pas assez de gens  sur la planète, qu’il y a beaucoup de prisonniers qui sont morts à cause  de la politique israélienne injuste et le refus de donner les soins  suffisants aux prisonniers palestiniens.
Un visage plein des rides exprime la souffrance et la  fatigue d’une femme qui attend le retour de son fils condamné à 27 ans  de prison avant ses 24 ans, et qui doit passer injustement toutes ces  années en prison, et qui n’a pas vu sa mère depuis 3 ans. Et encore  était-ce exceptionnellement, grâce à une rencontre avec un grand  responsable qui est arrivé de Genève elle avait pu voir son fils par  deux fois au bout de 13 ans. Quelle souffrance !!!
Quand il fut arrêté le 2 avril 1986, Ibrahim avait 26  ans, c’était la fleur de l’âge pour lui. Ton fils après les difficultés  de l’avoir élevé, tu ne peux le voir à côté d’une  épouse, mais en  prison.
Oum Ibrahim nous a précisé « La prison  est pour les héros et je suis fière de lui ; mais ce qui me rend triste  c’est que je ne peux pas le voir même pour une seule minute ».
Tout le monde en Israël parle de Shalit et de la  souffrance de ce soldat qui est détenu, bien traité, depuis 4 ans mais  il y a des prisonniers dans les prisons israéliennes depuis 25 ans et  plus. Et on en parle beaucoup moins.
Ibrahim a un jumeau qui est maintenan  père et  grand-père ; alors que le pauvre prisonnier jusqu’à maintenant n’est pas  marié. C’est un terrible prix pour la cause palestinienne,  contre la  politique agressive israélienne et ses crimes quotidiens.
Oum Ibrahim ne se laisse pas abattre, elle attend encore  la sortie de son fils de la prison ; c’est vrai qu’elle a 70 ans, mais  elle endure et elle continue d’espérer pour son enfant.
Et comme autres exemples de la souffrance des  prisonniers dans les prisons, il y a le fait que les transmissions de  l’argent que les familles envoient pour eux n’arrivent pas aux  prisonniers, pas plus que les vêtements envoyés. Ils ne peuvent pas non  plus recevoir d’informations sur leur famille. Alors que pour ce qui est  des soins, alors que le prisonnier aurait besoin d’une intervention  chirurgicale, les Israéliens ne lui donne qu’un comprimé.
Oum Ibrahim expliqua encore à propos de la solidarité  des  familles des prisonniers en disant qu’ici, en Palestine, on trouve  une solidarité assez forte, mais qu’on ne trouve pas la même solidarité  ou une solidarité suffisante à l’extérieur.
Oum Ibrahim tourna la tête vers une autre femme assise  aussi à coté de nous en disant « Sanaä, il faut dire ton  histoire ».
A cette occasion, on a beaucoup vu, on a beaucoup  écouté, mais la question importante, c’est « Quand le  monde va-il réagir pour mettre fin à cette souffrance ? ».
                Diffusé par Ziad Medoukh le 14 avril 2010 - ziadmedoukh@hotmail.com