Yazid Alilat
La question devenue récurrente de la  capacité de l’Iran à fabriquer une bombe atomique tutoie ces derniers  temps l’actualité internationale.
Beaucoup de pays occidentaux,  et à leur tête la France et les Etats-Unis, Israël poussant les autres à  faire de même, voudraient en découdre, avec toutes les armes possibles,  y compris un embargo économique, avec Téhéran sur ce dossier.  Là-dessus, les positions des uns et des autres sont claires : un pays du  tiers monde ne devrait pas posséder une bombe nucléaire, même pas la  technologie pouvant permettre à un de ces pays de développer le  nucléaire à des fins civiles. L’Iran a, en fait, réussi une gageure :  pousser jusque dans leurs derniers retranchements les pays occidentaux  pour qu’ils se découvrent et affichent leurs réelles intentions en  limitant l’accès au nucléaire civil aux pays en développement .
Même s’ils ne parlent pas de ces « apprentis sorciers »,  les Etats-Unis comme le reste de l’Europe occidentale, avec au premier  rang une France sarkozyenne plus « américaine que les Américains », ne  veulent pas qu’un pays « ennemi » d’Israël, proche des puits pétroliers  des pays du Golfe et franchement rebelle, puisse avoir la capacité de  développer et de produire de l’énergie nucléaire. Pour autant, ce débat  est aujourd’hui dépassé, car l’Iran est bel et bien parvenu à percer le  mystère de la production de l’énergie atomique, même si des experts  américains estiment qu’il n’est pas en mesure actuellement de fabriquer  la bombe atomique. On le sent : autant Israël que les Etats-Unis et les  « alliés » européens membres actifs de l’OTAN et grands lobbyistes au  sein de l’AIEA, ont peur de cette capacité de l’Iran à produire l’arme  atomique. Cela équivaut à un recentrage des équilibres militaires dans  cette partie du monde, au moment où l’argent manque, mais plus encore  avec des effets directs et profonds sur tout le conflit israélo-arabe  qui prendra une autre configuration.
  Tout le monde sait qu’Israël a, depuis longtemps, des  têtes nucléaires dans le désert du Néguev et à Dimona prêtes à être  lancées sur des cibles précises . Maintenant que l’Iran a des  capacités (presque) similaires, la peur a changé de camp, et les  données de ce vieux conflit en passe d’être redéfinies. Le sommet sur le  nucléaire qu’organisera l’Iran à Téhéran les 17 et 18 avril est, pour  autant, un signe d’apaisement, et une réponse à celui des Etats-Unis  organisé (sur la non prolifération nucléaire) à Washington ces deux  derniers jours au cours duquel le programme nucléaire iranien a été  dénoncé. Et, quand les Etats-Unis, relayés par des pays de l’OTAN  s’acharnent sur l’Iran, diabolisant chaque jour un peu plus ce pays, il y  a assurément des arrière-pensées malsaines, comme celles qui font  penser à des manœuvres d’isolement international d’un pays qui tient  tête à la puissance militaire et diplomatique américaine. Mais, trop  tard, l’Iran fait partie désormais du club fermé des pays pouvant  produire de l’énergie nucléaire, et, à ce titre, est perçu comme une  menace potentielle pour l’Occident et… Israël. Pour autant, les  Etats-Unis, comme leurs alliés, ont encouragé les deux frères ennemis,  l’Inde et le Pakistan, à fabriquer l’arme atomique. Le nucléaire,  aujourd’hui, c’est un club privé, il faut montrer « patte blanche ».
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