René Backmann
Les dirigeants de l’Autorité palestinienne  ont reçu de l’administration américaine les assurances qu’ils  attendaient pour participer aux « négociations indirectes » avec Israël.  Selon des sources américaines et palestiniennes, l’administration Obama  a fait parvenir à Mahmoud Abbas un document écrit dans lequel elle  s’engage notamment à désigner le coupable éventuel d’un échec des  négociations - si échec il y a.
Les Palestiniens fondent très  peu d’espoir sur cette phase de négociations basée sur une navette de  l’émissaire américain George Mitchell entre Ramallah et Jérusalem. Ils  confient même qu’ils n’ont accepté d’y participer que pour démontrer  leur volonté de négocier et ne pas fournir à Israël « un prétexte pour  fuir ses responsabilités ». Mais ils réclamaient, depuis que l’idée de  « négociations indirectes » avait été avancée par George Mitchell, un  engagement clair de Washington à attribuer l’échec éventuel des  pourparlers à ceux qui en seraient les responsables. Pourquoi ?
Parce qu’en juillet 2000, ils avaient été indignés par  l’attitude de Bill Clinton, qui avait imputé l’échec des négociations de  Camp David à Yasser Arafat seul, alors qu’elles étaient - pour le moins  - partagées entre le président palestinien et le premier ministre  israélien Ehoud Barak. Leur fureur était d’autant plus grande que  quelques jours avant le sommet, l’un des négociateurs palestiniens,  Ahmed Qorei (Abou Ala), à l’époque président du parlement, avait  rencontré Bill Clinton et lui avait indiqué que les Palestiniens ne  participaient à cette réunion que parce qu’il les avait invités, mais  qu’ils n’avaient aucune illusion sur son issue, la partie israélienne  n’ayant modifié en rien ses positions et n’ayant fait aucune ouverture.
« Clinton m’avait écouté et avait accepté ma requête de  ne pas rendre Arafat responsable d’un possible échec. Et pourtant, à  peine avions nous quitté Camp David , après le fiasco total du sommet,  qu’il accusait Arafat de l’avoir fait capoter » avait, quelques mois  plus ta rd, confié Ahmed Qorei à l’auteur de ces lignes.
Même si depuis juillet 2000 des historiens, des  journalistes et même plusieurs anciens collaborateurs de Clinton ont  rétabli la vérité sur cet épisode, ce « coup de poignard dans le dos »,  selon les mots d’un autre négociateur palestinien a laissé des traces  durables et douloureuses.
On comprend, dans ces conditions, que la lettre de  garanties adressée à Mahmoud Abbas ait été accueillie avec soulagement à  Ramallah. On y trouve en effet des engagements très clairs. « Nous  attendons des deux parties qu’elles agissent sérieusement et de bonne  foi, indique le document. Si l’une des parties, à notre point de vue, ne  répond pas à nos attentes, nous ferons connaître nos
Préoccupations et nous ferons ce qui doit être fait   pour vaincre cet obstacle ». La lettre américaine précise que  l’engagement américain consistera à participer à « l’échange de messages  entre les parties et à présenter nos propres idées et nos propositions  de compromis ».
« L’essentiel, pour nous, indique aussi le document, est  la naissance d’un Etat palestinien viable, indépendant et souverain,  doté d’un territoire contigu, qui mettra un terme  à l’occupation  commencée en 1967 ».
Sur la question brûlante des colonies, l’administration  américaine rappelle son soutien à la Feuille de route, qui ordonne à  Israël le gel de toute construction dans les colonies et le  démantèlement des colonies sauvages construites depuis mars 2001.
En dépit de ces garanties américaines, les réserves, sur  le mode de négociation et sur leur substance demeurent très vives chez  les Palestiniens, sans parler de la position du Hamas, ouvertement  hostile à ces pourparlers. Membre du Fatah et ancien « homme fort » de  la bande de Gaza, Mohammed Dahlan  a ouvertement pris ses distances.
Et vendredi, le ministre égyptien des affaires  étrangères - membre du Comité de la Ligue arabe qui a donné son feu vert  à Mahmoud Abbas pour reprendre les négociations - a déclaré qu’à ses  yeux, les Palestiniens ne devraient pas entrer en discussion avec les  Israéliens, compte tenu de la  décision annoncée par Benjamin Netanyahou  d’ajouter à la liste des sites historiques israéliens deux « Lieux  saints » de Cisjordanie : le Tombeau de Rachel et le Caveau des  Patriarches.
Dénoncée par l’autorité palestinienne comme une  « annexion » de fait, cette initiative du premier ministre israélien a  provoqué, depuis qu’elle a été rendue publique une cascade de  manifestations. Celle de cet après midi, sur l’Esplanade des Mosquées à  Jérusalem, où la police israélienne est entrée en force a fait 15  blessés parmi les policiers et plusieurs dizaines parmi les  manifestants. [1]
[1] De nouveaux affrontements ont  éclaté vendredi entre fidèles musulmans et police israélienne sur  l’Esplanade des mosquées, le lieu le plus conflictuel de la Vieille  ville de Jérusalem, faisant au moins un blessé grave.Selon la police  israélienne, des fidèles sortant de la grande prière du vendredi à la  mosquée Al-Aqsa ont commencé à jeter des pierres sur les forces de  l’ordre et les juifs en train de prier au Mur des lamentations, juste en  contrebas de l’esplanade.
Une Palestinienne, touchée à la tête par une balle  en caoutchouc, a été hospitalisée dans un état grave, a annoncé Ron  Krumer, porte-parole de d’hôpital Hadassah de Jérusalem. En tout, selon  les ambulanciers palestiniens, 13 personnes ont été blessées.
Selon Najeh Btirat, un des responsables du Waqf, le  sermon de la grande prière du vendredi avait eu pour thème la  nécessaire protection des sites religieux musulmans des visées de l’Etat  hébreu. Dès après le sermon, environ 300 jeunes se sont mis à lancer  des pierres sur la police.
Selon le porte-parole de la police de Jérusalem  Shmuel Ben-Ruby, les forces anti-émeute stationnées aux alentours de  l’Esplanade sont alors intervenues pour rétablir l’ordre.
D’autres fidèles sont ensuite intervenus pour  tenter de faire baisser la tension et la police a fini par quitter les  lieux, en coordination avec les religieux du Waqf, le fonds qui gère le  lieu saint.
AP, relayé par Yahoo