Michel Warschawski
Rachel, un film de Simone Bitton, enquête  sur la mort de cette militante lors d’une opération de l’armée  israélienne dans la bande de Gaza.
Mercredi 10 mars débutait au  tribunal de district de Haïfa le procès intenté par la famille Corrie  contre le ministre de la Défense israélien. Ce procès est une plainte  civile avec demande de dommages et intérêts pour le meurtre de leur  fille Rachel, en 2003, causé par un bulldozer de l’armée israélienne à  Rafah, dans la bande de Gaza. Ce n’est cependant pas de l’argent que  veulent les parents de Rachel du tribunal israélien, mais que toute la  lumière soit faite sur cet incident meurtrier.
Sous la pression du Mouvement de solidarité  internationale et de la diplomatie états-unienne, l’armée avait  finalement accepté d’enquêter sur la mort de Rachel Corrie pour  conclure, après une enquête bâclée, qu’elle était la seule responsable  de sa propre mort. Rachel faisait partie de l’ISM (Mouvement de  solidarité internationale) qui, entre 2001 et 2005, a regroupé des  volontaires pour servir de boucliers humains entre la population civile  et les forces israéliennes d’occupation qui, à cette époque, avaient  lancé une campagne sanglante de reconquête (Opération Rempart) des  maigres acquis obtenus par les Palestiniens dans le cadre des Accords  d’Oslo. A l’époque, des centaines de jeunes, provenant pour la plupart  de pays anglo-saxons, s’étaient rendus dans les territoires palestiniens  et avaient mené la vie dure aux troupes d’Ariel Sharon. Afin d’empêcher  leur venue, le ministre israélien de l’Intérieur avait quasiment bloqué  les frontières à tous les jeunes suspectés d’appartenir à l’ISM ainsi  qu’aux missions civiles organisées par la CCIPPP (Campagne civile  internationale pour la protection du peuple palestinien) en France et  autres pays francophones.
Rachel est morte assassinée alors qu’elle tentait de  protéger une maison palestinienne que l’armée voulait détruire dans le  cadre d’une « opération de nettoyage » autour de la frontière avec  l’Egypte. Les vidéos filmées par les opposants internationaux montrent  clairement que les soldats ne pouvaient pas ne pas les voir. Pourtant,  le bulldozer n’a pas dévié de sa route, provoquant la mort de la jeune  femme de 23 ans.
Des jeunes aux antipodes de leur  image de casseurs chevelus.
L’enquête que l’armée israélienne avait bâclée, la  cinéaste franco-israélienne Simone Bitton l’a reprise à zéro dans son  film Rachel qui sera projeté à Tel-Aviv cette semaine, en présence de la  famille Corrie. Au-delà de ses qualités cinématographiques indéniables,  Rachel est une enquête rigoureuse sur la vie et la mort de Rachel  Corrie, étayée par la correspondance que celle-ci entretient avec sa  famille aux Etats-Unis. C’est aussi un portait émouvant de ces jeunes  internationaux, motivés par un sens aigu de l’injustice et une très  grande humanité, aux antipodes de l’image de casseurs chevelus largement  répandue par la grande presse.
Allez voir Rachel de Simone Bitton. C’est un film qui  combine tragédie et espoir, un grand reportage sur la nouvelle  génération militante qui, de Seattle à Rafah, en Palestine, nous fait  croire qu’un autre monde est possible.
publié par Siné Hebdo , "le  journal mal élevé", hebdomadaire en vente dans les kiosques (2 euros)  tous les mercredis.
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Comité Justice et Paix en Palestine et au Proche-Orient