Omayma Abdel-Latif - Al-Ahram Weekly
          Le Hizbullah a menacé Israël de lui rendre coup pour coup s’il  s’avisait de lancer une nouvelle guerre contre le Liban. Nasrallah a  donné des détails sur de nouvelles possibilités en armements qui  pourraient jouer un rôle dissuassif dans n’importe quelle nouvelle  confrontation.         
          Combattant de la résistance  libanaise
La récente bande annonce, sous-titrée en hébreu sur la  chaîne télévisée Al-Manar avant les informations du soir, résume comment  le Hizbullah anticipe - avec la nouvelle équation qui en découle - un  conflit avec Israël : un bâtiment pour un bâtiment, une raffinerie de  pétrole pour une raffinerie de pétrole, une usine pour une usine.
La déclaration faite dans un discours prononcé par  Hassan Nasrallah, secrétaire général du Hizbullah, mardi dernier à  l’occasion de la journée de commémoration des Martyres du mouvement,  n’indique peut-être rien de neuf. Lors de discours précédents, Nasrallah  avait déjà envoyé des messages à peine codés au sujet de la capacité du  mouvement de la résistance islamique à se confronter à n’importe quelle  agression israélienne à venir contre le Liban. Néanmoins, il ne s’était  jamais étendu sur le type d’armements en possession du Hizbullah. Mais  cette fois-ci Nasrallah a donné des détails sur de nouvelles  possibilités en armements qui pourraient jouer un rôle dissuassif dans  n’importe quelle nouvelle confrontation. De plus pour la première fois,  Nasrallah a fait un exposé complet du type de cibles israéliennes que le  Hizbullah serait capable de frapper lors de prochains combats, faisant  suggérer à beaucoup de personnes que Nasrallah a amené le conflit à un  nouveau et sans précédent niveau.
« Je veux dire aux Israéliens la chose  suivante : non seulement si vous frappez Dahiyeh nous frapperons Tel  Aviv, mais si vous frappez l’aéroport international du martyre Rafik  al-Hariri à Beyrouth, nous frapperons votre aéroport Ben-Gourion à Tel  Aviv ; si vous frappez nos ports, nous frapperons les vôtres ; si vous  frappez notre raffinerie de pétrole, nous frapperons les vôtres... si  vous frappez un seul bâtiment dans Dahiyeh, nous en détruirons plusieurs  à Tel Aviv, » a déclaré Nasrallah.
Nawaf Al-Musawi, député du Bloc de Loyauté à la  Résistance au parlement libanais, a expliqué les préparatifs ayant  conduit à la déclaration de Nasrallah. Cette déclaration dit-il est le  fruit d’efforts méthodiques réalisés 24 heures sur 24 depuis la fin de  la guerre de juillet en 2006 jusqu’à ce mois de février 2010 : « Des dizaines de milliers de combattants se sont entraînés  pour porter la résistance à un niveau tel qu’Israël ne puisse prendre la  moindre décision précipitée de lancer une guerre sans que cela s’avère  suicidaire pour lui, » a expliqué Al-Musawi. La nouvelle équation  posée par Nasrallah, poursuit Al-Musawi, est le début d’un nouveau  chapitre dans le conflit israélo-arabe, car les menaces de guerre et  d’agression proférées par Israël ne resteront plus sans réponse. Le  Hizbullah, selon ses responsables, est bien mieux équipé aujourd’hui  qu’il ne l’était en 2006. « Si les Israéliens pensent  pouvoir nous causer plus de dommages, ils savent maintenant que nous  pouvons aussi leur infliger plus de dégâts, » a déclaré au Times Sheikh Naim Qassim, secrétaire adjoint du  Hizbullah.
Le discours de Nasrallah a été fait deux jours après que  Samir Geagea, chef des Forces libanaises [fascistes libanais ayant dans  la passé participé activement pour le compte des Israéliens aux  massacres de Sabra et Chatila - N.d.T] et ancien seigneur de guerre, ait  accusé le Hizbullah, dans un discours daté du 14 février de donner à  l’Israël un prétexte pour lancer une guerre contre le Liban puisque le  Hizbullah conservait son arsenal. Cette idée avait fait des émules, en  particulier parmi les partis chrétiens de droite du bloc du 14 mars - le  parti phalangiste et les forces libanaises. Nasrallah a répondu à cela  en retournant l’accusation. « C’est une rhétorique très  dangereuse parce qu’elle justifie absolument n’importe quelle agression  israélienne et juge à l’avance la résistance [libanaise] responsable de  n’importe quelle attaque israélienne. Est-ce un appel à une guerre  israélienne contre le Liban ? Sommes-nous à nouveau dans les  circonstances de 1982 ? Est-ce que certains s’imaginent qu’il n’y a  aucune voie possible pour leurs rêves et leur espérances si ce n’est par  une guerre israélienne contre le Liban ? C’est cela,  la question, »  a questionné Nasrallah avec force.
Geagea a répété sa position le lundi 21 février, dans  une conférence de presse organisée pour répondre au discours de  Nasrallah. Il a suggéré qu’ « il n’y avait aucune raison  d’organiser une session censée aborder la question d’une stratégie  unifiée de défense pour le Liban. » Nasrallah a exigé que l’Etat  libanais et le gouvernement prennent clairement position face à pareils  propos. Le Premier ministre libanais Saad Al-Hariri a répondu  indirectement par un certain nombre de déclarations dans les journaux  italiens et lors d’une visite au Vatican au cours de laquelle il a  critiqué Israël et l’a accusé de menacer de guerre le Liban.
En tout cas, la dernière déclaration de Nasrallah a mis  en évidence la naïveté de l’opinion qui domine dans les cercles  intellectuels de Washington au sujet de la capacité des Etats-Unis à  impliquer le Hizbullah dans des entretiens de bas niveau « en coopération avec les Anglais et tout en informant les  Israéliens, » — comme le suggérait un observateur — pour finalement  forcer le Hizbullah à la démilitarisation en suivant le même  processus  de désarmement que l’IRA [Irish Republican Army]. Cette vue, qui  consiste à considérer l’armement du Hizbullah comme une menace non  seulement pour Israël mais « pour le Liban », suppose qu’une des  incitations possibles pour que le Hizbullah abandonne son arsenal soit  un engagement israélien de s’abstenir d’attaquer le Liban si « le Hizbullah se soumettait à un processus de désarmement ».  Mais pour le Hizbullah, qui estime que la communauté internationale a  abandonné le Liban lors de la guerre 2006, une telle proposition ignore  les réalités les plus élémentaires.
L’idée ci-dessus - telle qu’elle a été présentée par les  analystes Steven Simon et Jonathan Stevenson du département américain  des affaires étrangères en janvier - suggère que souscrire à un tel  programme de démilitarisation fournirait au Hizbullah une immunité  temporaire au cas où l’Israël « réalise une autre  incursion, mieux calibrée ». Penser que le Hizbullah s’engagerait  dans un tel processus de désarmement pour obtenir une immunité est la  preuve de l’ignorance par ces deux analystes des capacités, en  conviction et en calculs, du mouvement de résistance. Simon et Stevenson  ont même lié ce processus de désarmement à la fourniture à l’armée  libanaise d’armes américaines plus perfectionnées. Mais tout le monde  est convaincu que les Etats-Unis ne fourniront jamais à l’armée  libanaise d’armes pouvant représenter une menace pour Israël, ou même  simplement empêcheraient les survols israéliens quotidiens qui violent  la souveraineté libanaise.
Al-Musawi, se faisant le reflet de cette conviction,  suggère que l’armée libananise s’oriente vers une coopération  stratégique et militaire avec la Syrie et l’Iran. 
                28 février 2009 - Al-Ahram  Weekly - Traduction de l’anglais : al-Mukhtar
http://info-palestine.net/article.php3?id_article=8285
http://info-palestine.net/article.php3?id_article=8285