Pierre Barbancey
Une trentaine de Palestiniennes, venues des  territoires palestiniens, d’Israël, du Liban ou de Jordanie, étaient  reçues, hier (4 mars) , au siège de l’Humanité.
Patrick Le Hyaric a reçu,  hier, une importante délégation de femmes palestiniennes, arrivées la  veille pour un tour de France dont la première étape était le siège de  notre journal. Une rencontre tout à la fois amicale, détendue et  profondément politique. Parce que ces ambassadrices palestiniennes,  qu’elles arrivent de la Cisjordanie occupée (celles de Gaza n’ont pas eu  l’autorisation de sortir), du Liban, de Jordanie ou de Syrie, sont  venues dans un but précis, comme elles l’ont expliqué. Affiches de unes  de l’Huma consacrées aux massacres israéliens dans la bande de Gaza,  journal du jour, sacs frappés du logo de l’Humanité  : la reconnaissance  de celles qui se battent était perceptible. Ce qui n’empêche pas les  questions et les interrogations. Soulignant l’engagement du journal, son  directeur rappelait que « le débat en France est extrêmement  difficile ».
Député européen du groupe Gauche unie européenne-Verts  nordiques, Patrick Le Hyaric devait également expliquer le sens de sa  démarche au Parlement, à Bruxelles et à Strasbourg. Il s’appuyait sur le  récent débat provoqué autour du rapport Goldstone, du nom de ce juge  sud-africain chargé par l’ONU de mener une enquête sur ce qui s’est  réellement passé dans la bande de Gaza pendant l’offensive israélienne  de décembre 2008-janvier 2009 et qui parle de « crimes de guerre, voire  de crimes contre l’humanité ». Un rapport « équilibré » aux yeux du  directeur de l’Huma. Mais le débat européen a permis surtout de mesurer  l’attitude politique des différents groupes. Patrick Le Hyaric révélait  ainsi qu’à la place d’un nouvel examen prévu du rapport Goldstone – avec  peut-être un vote du Parlement à la clé –, les députés de droite, aidés  de façon surprenante de parlementaires venus d’autres horizons,  tentaient de remplacer ce thème par un autre, centré sur Cuba ainsi que  sur l’arme nucléaire et la Corée du Nord.
Les déléguées palestiniennes présentes s’esclaffaient  mais n’étaient pas étonnées outre mesure, habituées à la répression  politique, certes plus physique, comme ont pu en témoigner Feda  Abdallah, ancienne prisonnière, ou Kefah Afifi, qui, elle, était détenue  dans la sinistre geôle de Khiam, au Sud-Liban, lorsque cette zone était  encore sous occupation israélienne. Rhawla Illian, syndicaliste et  responsable de la question des femmes à l’Union des travailleurs  palestiniens, a interrogé le parlementaire sur l’attitude du  gouvernement français. « Je crains qu’il n’exerce des pressions sur  l’Autorité palestinienne pour revenir aux négociations comme le veut  Israël. » Toutes se sont néanmoins félicité de l’accueil et du climat  combatif que le président de l’Association de jumelage des camps de  réfugiés palestiniens avec les villes françaises (AJPF), Fernand Tuil,  personnalise depuis maintenant des années.