Khaled Amayreh - Al-Ahram Weekly
          Le gouvernement israélien d’extrême-droite ne recherche pas la  paix mais au contraire fait tout pour la saboter, et certains dirigeants  palestiniens appellent à présent à une Troisième Intifada, écrit Khaled  Amayreh.         
          Cet enfant palestinien jette des pierres en  direction des soldats israéliens dans Hébron dans ce qui pourrait se  transformer en troisième Intifada après l’annonce par Israël de son  projet de détruire deux mosquées prétenduement situées sur des  emplacements de sites religieux juifs.
Tandis que l’Autorité palestinienne (AP de Ramallah)  semble encline à donner son accord pour « des entretiens indirects »  avec Israël sans que ce dernier ait entrepris n’importe quel gel  significatif de l’expansion des colonies juives en Cisjordanie, le  gouvernement israélien lance provocation sur provocation, rendant peu  probable la reprise - encore moins qu’un éventuel succès - d’entretiens  pour la paix, particulièrement dans un avenir proche.
Israël a pris récemment plusieurs mesures qui, pour les  responsables palestiniens, illustrent la détermination israélienne à  perpétuer son occupation militaire de la terre palestinienne et à  éliminer toute possibilité d’établir un état palestinien viable. Une de  ces mesures est une décision du Premier ministre israélien Binyamin  Netanyahu, la semaine dernière, d’ajouter deux très anciennes mosquées -  la mosquée d’Ibrahimi dans Hébron et la mosquée de Bilal Ibn Rabah à  Bethlehem - à la soi-disant liste du patrimoine d’Israël.
Les deux sites sont situés au cœur de la terre  palestinienne, et cela signifie qu’Israël prévoit d’annexer les deux  tombeaux, une éventualité violemment rejetée par les Palestiniens.
Avant la décision israélienne, les officiels occidentaux  impliqués dans les efforts pour rétablir le processus de paix avaient  indiqué que la reprise des entretiens entre Israël et l’AP de Ramallah  aurait lieu dans quelques semaines. Tony Blair, le délégué du quartet  pour le processus de paix au Moyen-Orient, aurait dit que « des progrès substantiels » avait été accomplis suite  aux efforts fournis par les Etats-Unis pour obtenir que les deux côtés  renouent avec des entretiens pour l’instant bloqués.
Mahmoud Abbas, le chef de l’AP de Ramallah, a réalisé  une tournée étendue à trois continents afin d’expliquer les  revendications palestiniennes à ses hôtes, a parlé de la consolidation  d’une culture palestinienne pour la paix, indiquant au Parlement  européen que la paix ne pouvait être gagnée que par des négociations et  pas par la violence. Il semble avoir diminué son insistance précédente  selon laquelle la reprise d’entretiens pour la paix avec Israël n’ait  lieu qu’après l’acceptation par Israël de geler l’expansion de ses  colonies.
Mais les dernières provocations israéliennes, avec la  saisie des deux mosquées, semblent avoir empoisonné le peu d’atmosphère  d’optimisme ou de bonne volonté que George Mitchell, le délégué des  Etats-Unis pour le Moyen-Orient, ait pu stimuler lors de sa dernière  visite dans la région. Un officiel palestinien a suggéré que le  consentement palestinien pour reprendre des entretiens de paix,  actuellement bloqués, avec Israël serait purement du spectacle. « Si nous acceptions de reprendre des entretiens dans ces  circonstances, nous ferions cela uniquement pour satisfaire et apaiser  les Américains qui veulent apparemment un résultat quel qu’il soit,  aussi superficiel soit-il. »
Un autre officiel, Ghassan Khatib, qui dirige le bureau  de presse du gouvernement palestinien, a exprimé une vue identique,  disant que la reprise d’entretiens avec Israël ne signifierait nullement  que la paix ou la justice soient à l’ordre du jour. Parlant à Al-Ahram Weekly depuis son bureau de Ramallah, Khatib a  expliqué que des entretiens pour la paix serait « injustifiés »  si les deux côtés ne s’accordaient pas sur trois points principaux : un  date limite pour conclure les entretiens, les tracés des frontières de  l’Etat palestinien à venir et les documents de référence - à savoir les  résolutions des Nations-Unies concernant la question palestinienne dont  la garantie du droit au retour pour les réfugiés palestiniens déracinés à  la création d’Israël il y a plus de 60 ans.
Interrogé pour savoir si les entretiens indirects  seraient suffisants pour résoudre ces questions de base, Khatib a  indiqué qu’aucune quantité d’entretiens - directs ou indirects - ne  serait suffisante. « La solution ne réside pas dans plus  de discussions. Le problème réel, c’est le refus d’Israël de cesser son  occupation. »
Khatib a indiqué que les semaines et les mois à venir  verront soit encore plus de paralysie - ce qui pourrait précipiter la  violence - soit une reprise de pourparlers de paix dont l’échec  prévisible donnera un résultat identique. « Mon  impression est qu’il ne peut y avoir aucun entretien de paix sérieux,  encore moins un accord de paix, avec ce gouvernement [israélien]  d’extrême-droite qui au lieu de faciliter le processus de paix,  empoisonne vraiment l’atmosphère en volant encore plus de terre  palestinienne, en saisissant des mosquées et en construisant encore plus  de colonies. »
Ce pessimisme est partagé par la plupart - sinon tous -  les officiels de l’AP et du Fatah. Ahmed Qurei, un ancien premier  ministre palestinien et porte-parole au conseil législatif, a récemment  déclaré aux journalistes que « les perspectives pour un  accord de paix avec Israël étaient très faibles » et que « les cinq années à venir seront très, très difficiles. »  Il a ajouté qu’Israël était « encore peu disposé à  évoluer de façon à reconnaître le droit du peuple palestinien à la  liberté, à l’indépendance et à la dignité humaine. »
Tandis que quelques dirigeants palestiniens - dont  Ismail Haniyeh, le Premier ministre du gouvernement palestinien élu et  basé à Gaza - incitent déjà à un nouveau soulèvement contre Israël somme  seul moyen de sortir de cette impasse insupportable, quelques officiels  de l’AP font joujou avec une proposition française, qui doit encore  être affinée, qui reconnaîtrait dans les 18 prochains mois un état  palestinien dans des frontières non définies.
« Nous faisons bon accueil à ces  déclarations européennes, particulièrement celles de la France, qui  selon nous a adopté une nouvelle attitude dans l’impasse politique  actuelle, » a déclaré Nabil Shaath, un des principaux porte-parole  de l’AP, cité par Maan News Agency.
Mais un tel Etat sans frontières définies, rétorquent  beaucoup de Palestiniens et ceux qui les soutiennent, est un moyen de  liquider la cause palestinienne puisque cela permettrait à Israël -  peut-être sous une rubrique de l’échange de terres - de consolider sa  mainmise sur Jérusalem est et sur des pans entiers de la Cisjordanie.
L’AP avait pourtant à plusieurs reprises fait savoir  qu’elle n’accepterait jamais un Etat avec des frontières provisoires. 
                29 février 2010 - Al-Ahram  Weekly - Traduction : Nazem