Palestine .       Les Etats-Unis ont lancé une offensive diplomatique pour       relancer le processus de paix, loin de répondre aux attentes       des Palestiniens qui continuent de réclamer un arrêt total       de la colonisation israélienne avant toute reprise des       négociations.
Le plan, dont les       principaux éléments sont dévoilés petit à petit mais dont       l’intégralité n’est pas encore rendue publique, prévoit de       conclure un accord de paix en deux ans. La question des       frontières serait traitée en premier, dans un délai de neuf       mois, qui correspond au moratoire israélien sur les       colonies. Viendraient alors la question de Jérusalem et des       réfugiés palestiniens. Il y aurait également des lettres de       garanties américaines adressées à chacune des parties. A       part l’échéance fixée par Washington et l’ordre des       questions à régler, il ne semble pas y avoir de nouveauté       dans cette initiative américaine, mis à part une volonté       américaine de faire avancer le processus de paix. Le       règlement sera basé sur les frontières d’avant 1967, mais       les changements démographiques effectués par Israël seraient       pris en compte. Autrement dit, l’Etat hébreu bénéficierait       des faits accomplis, pourtant illégaux, qu’il a créés dans       les territoires palestiniens. Il y aurait un échange de       territoire qui permettrait à Israël de conserver les blocs       de colonies qui pourtant couvrent une grande partie de la       Cisjordanie. Une idée qui a été incluse dans le passé dans       de précédentes initiatives de paix et qui rappelle la lettre       adressée en 2004 par l’ex-président américain, George Bush,       à Israël lui promettant qu’un éventuel règlement prendrait       en compte les changements démographiques israéliens       effectués dans les territoires palestiniens.
Mais Israël n’aime pas les       dates butoirs. Avigdor Lieberman, chef de la diplomatie       israélienne, l’a fait savoir en se prononçant dores et déjà       contre la date limite proposée par les Américains. Et de       toutes les façons dans le passé, Israël n’a jamais respecté       ses échéances fixées par le processus de paix en 1993.
Et c’est pour convaincre       les Israéliens de reprendre le chemin des négociations que       George Mitchell, envoyé spécial américain au Moyen-Orient, a       « osé » dans un entretien à une chaîne américaine PBS parler       d’éventuelles sanctions financières à l’encontre de l’Etat       hébreu. « Selon la loi américaine, les Etats-Unis peuvent       suspendre les garanties octroyés à Israël sur des prêts »       bancaires, a-t-il déclaré. Des propos qui ont provoqué la       colère des Israéliens habitués à agir en toute impunité et       qui semblent bénéficier au sein de la communauté       internationale d’une immunité contre toute sanction.       D’ailleurs, l’ampleur des propos de Mitchell a été minimisée       par le ministre des Finances israélien qui déclare ne pas       les considérer comme des sanctions, car selon lui, Israël       pourrait se passer des garanties américaines. D’ailleurs,       quatre sénateurs américains, dont Joseph Lieberman et John       McCain se sont précipités pour condamner les propos de       Mitchell, rassurant leur partenaire israélien qu’une telle       mesure de toutes les façons « ne passera pas au Congrès »       américain.
Par contre, si pressions il       y a, elles sembleraient être dirigées contre Mahmoud Abbass,       chef de l’Autorité palestinienne. Ce dernier reste fidèle à       sa position : pas de négociations sans arrêt total de la       construction. Cette position était d’ailleurs, il y a encore       quelques mois, soutenue par les Américains avant que ces       derniers ne fassent un volte-face et se contentent du gel       partiel et temporaire des colonies décrété par le       gouvernement israélien. La secrétaire d’Etat américaine,       Hillary Clinton, a donc demandé au côté palestinien de       reprendre les négociations sans condition préalable.
« Résoudre la question des       frontières résout la question des colonies, tout comme       résoudre la question de Jérusalem résout la question des       colonies », estime Mme Clinton. Autrement dit, les       Palestiniens ne devraient ni s’inquiéter ni même protester       contre les projets de colonies qui se poursuivent à       Jérusalem-Est par Israël et qui sont pourtant une flagrante       violation du droit international, de l’esprit, même de la       paix et aussi de la Feuille de route parrainée en 2003 par       le quartette (Etats-Unis, Union européenne, Russie et       Nations-Unies) qui exige l’arrêt de la colonisation       israélienne.
Saëb Eraqat, conseiller du       président palestinien, ne cache pas le scepticisme       palestinien. Les Palestiniens « me demandent si       l’Administration américaine n’arrive pas à arrêter les       colonies, devrons-nous croire qu’ils pourraient faire       accepter aux Israéliens les frontières de 1967 ? ».       Inquiétude partagée par Nabil Abou-Rodeina, autre conseiller       de l’Autorité palestinienne, « si les Israéliens disent que       Jérusalem ne sera pas sur la table (des négociations) et       qu’aucun réfugié palestinien (ne retournera), qui oserait       venir et négocier ? », a-t-il demandé.
Or, pour tenter de       convaincre les deux parties à reprendre les négociations,       Washington a cherché à impliquer d’autres acteurs régionaux.       D’où l’entretien vendredi dernier à Washington entre Hillary       Clinton et ses homologues égyptiens et jordanien, Ahmad       Aboul-Gheit et Nasser Jawdeh. Et d’où la tournée entamée par       George Mitchell, lundi et mardi derniers à Paris et à       Bruxelles, pour rallier ses partenaires européens à cette       initiative.
Mais l’obstacle majeur à       toute perspective de paix demeure encore la politique       israélienne dans les territoires occupés : les constructions       des colonies à Jérusalem, le blocus israélien contre Gaza,       mais aussi les mesures répressives contre la population       palestinienne.
Car il est vrai que le       gouvernement de Benyamin Netanyahu n’a toujours pas donné de       réponse officielle à l’initiative américaine, mais en       attendant qu’il se décide, dimanche dernier, il a rasé une       vingtaine d’habitations d’agriculteurs palestiniens à Tana,       un village à l’est de Naplouse. Des constructions qui       seraient « illégales » selon Israël. Résultat : environ 40       familles palestiniennes se retrouvent en plein hiver sans       abri.
      Heba       Zaghloul